En tant que parent, nous sommes confrontés à une double exigence :
Eduquer des enfants à la fois bien dans leur peau, épanouis, mais aussi capables d’affronter les difficultés et de s’intégrer dans la vie sociale.
Alors, comment faire face aux limites à donner, à se donner et quel sens pouvons-nous y mettre ?
Poser des limites — Facteurs de sécurité
Enveloppe psycho-corporelle et sécurité affective
Quand l’enfant est tout petit, les limites sont physiques : le regard et la voix de sa mère, les bords de son lit, les bras de ses parents…
Mouvement et attachement
Pour la proximité, le nouveau-né est bien équipé : des poings pour s’accrocher, un regard dense, un sourire hasardeux qui fait craquer, une production de décibels inouïe pour alerter.
Poser des limites, c’est sécuriser. Toucher, porter, bercer l’enfant. Le regard et les mots. Dans cette proximité, s’éveille peu à peu l’envie d’explorer le regard de l’autre, son propre corps, un objet à découvrir. Puis l’envie de se déplacer pour mieux conquérir son environnement.
Repousser les limites — La conquête spatiale
Approche psychomotrice
À chaque cycle de développement de l’enfant, de nouveaux mouvements et déplacements dans l’espace. Pour l’exploration, ça commence par la bouche. Et ça dure un certain temps. Le mouvement répond à un besoin vital de bouger tout en étant un moyen unique de connaissance.
Mais finalement qu’est-ce qui motive un tout-petit dans ses mouvements ? Ce qui motive un enfant, très tôt, c’est en quelque sorte les 3 C :
Curiosité - Convoitise - Conquête :Nouvelles positions, nouveaux modes de déplacement, nouvelles façons de jouer, de penser.
Défi et construction sociale
Oser repousser les limites, c’est faire de la place au rêve, à tous les futurs possibles. C’est relever les défis, voir plus loin, s’aventurer. Ça commence au berceau.
Imposer et s’imposer des limites — Sur le chemin de la socialisation
Opposition nécessaire et entrée dans la règle
Dès la deuxième année, le fameux “terrible two” des anglophones s’impose.
La moindre contrariété dans son élan se traduit par des cris, des larmes, une intolérance à l’empêchement. Il veut d’ailleurs tout et son contraire. Marcher et aller dans la poussette. Ne pas vouloir aller dans le bain et ne pas vouloir en sortir etc.
“C’est quand même pas du haut de ses 2 ans qu’il va faire la loi !” peut alors se dire le parent. Arrêt sur image. L’opposition a commencé bien avant.
Quels sont les jeux privilégiés dès les premiers mois ? Des jeux d’opposition!
Donner-prendre, pousser-tirer, attraper-lâcher, vider-remplir. D’ailleurs l’opposition “Ce qui est propre/ce qui est sale” l’emmène sur le chemin de “Ce qui est acceptable/ ce qui est non-acceptable”. Prémisse de la règle.
De l’égocentrisme à la responsabilité
Parfois face à un adulte en colère, l’enfant peut sourire. “En plus il me provoque!”.
Au collège, c’est le cas, une insolence avérée. À 3 ans, non. Il pense pouvoir ramener le sourire par imitation. C’est plutôt un moyen de se rassurer. Car l’égocentrisme caractérise les cinq premières années. Non pas dans le sens courant, “je pense à moi avant les autres “. Plutôt dans le sens de l’accès à la connaissance.
Exemple : Vers 3 ans, donner un coup de pied est une manifestation assez répandue de l’opposition. Ça fait mal. Non-acceptable et à stopper. Mais prévisible. Le très jeune enfant a un immense besoin de ce “STOP !” ferme et stable. Il va s’appuyer sur ce mur solide qui délimite le possible, l’acceptable, l’attendu. Ici et maintenant. Pas 3 heures après. À 5 ans, le coup de pied pour exprimer son désaccord devient inacceptable. Pourquoi ? Parce que l’enfant sait maintenant qu’il y a toujours une conséquence à ses actes, ses paroles.
Transmission et lien
La ténacité fiable du parent, c’est cette force qui permet de tenir bon dans les moments difficiles. Une capacité à ne pas perdre le cap dans les tempêtes émotionnelles. Maintenir le cap c’est protéger l’intégrité avec l’interdit de faire mal à l’autre. Une partie du boulot d’être et devenir parent, c’est repérer l’influence de nos croyances dans nos limites.
Pour conclure
Pourquoi suis-je en train de lui dire non ? Est-ce pour le protéger ? Est-ce pour m’affirmer ?Est-ce un « non » répondu de manière automatique, hérité de croyances familiales, culturelles ou par comparaison à d’autres fonctionnements ? Est-ce pour le faire grandir à ce moment-là ? Est-ce pour avoir la paix ? Le curseur dans les négociations se positionne entre transmettre et rester relié.