“Comment être parent aujourd’hui ?”…C’est le titre d’un excellent article de la psychanalyste Claude Halmos paru dans Le Monde le 26/11/2022.
C’est une question que je me pose aussi, tant les rencontres des parents comme des professionnels de la petite enfance renforcent ce sentiment que l’époque et ses excès pèsent sur les parents.
Être et devenir parent… des questions récurrentes, du stress et de multiples sollicitations qui demandent beaucoup d’énergie physique et mentale. La guerre qui fait irruption dans le quotidien, les désordres climatiques et écologiques, la négation épouvantable des droits fondamentaux des enfants confrontés à un environnement gravement hostile, un avenir économique bien plus incertain…la liste est longue des composantes actuelles qui percutent les vies familiales. 30% des françaises entre 18 et 49 ans ne veulent pas d’enfants. Pour aussi des raisons intimes qui n’appartiennent qu’à elles.
Aujourd’hui, le besoin des parents de trouver des repères amène à chercher des réponses-clé, des solutions à appliquer. Certains “magiciens” de la psychologie positive (où ce à quoi elle est réduite) l’ont bien compris. Claude Halmos parle d’un dérapage psy, où le conseil à propos d’enfants est devenu comme la mode ou la cuisine une rubrique obligée des magazines, voire une recette au goût bien trop douteux pour être honnête sur les réseaux sociaux.
Un idéal de la relation parents-enfants se dessine, une normalisation implicite grignote la confiance, nourrit le sentiment d’être démuni, sabote les ressources individuelles. La confrontation à l’image d’une parentalité normée, artificiellement mis en scène, peut miner le moral et créer de la frustration. “Est-ce que je fais bien les choses pour …”, “Est-ce que je suis assez bienveillante ?” , “Est-ce que je suis trop fusionnel le ?”, “Pourquoi il ne m’écoute jamais alors que son cousin est hyper docile ?”…Il existe ainsi des formes d’injonctions insidieuses qui rajoutent une couche à la charge mentale bien présente.
La bascule dans la comparaison entraîne une logique de manque : “je ne suis pas assez..”.
Pas assez cool, pas assez à l’écoute, pas assez ferme, pas assez…
Une petite voix intérieure agit en sourdine. Telle une termite, elle peut faire des dégâts invisibles, voire dangereux si on ne l’arrête pas.
Moins de comparaison, plus de compassion.
Dans ce monde incertain d’un côté, directif de l’autre, plus de compassion c’est déjouer ce piège du manque. C’est commencer par soi-même, en se parlant comme un véritable ami le ferait. Notre cerveau commence alors à moins produire d’hormone de stress.
Alors être et devenir parent aujourd'hui, c’est toujours s’appuyer sur l’éducation. L’éducation est le seul outil pour aider les enfants à se construire et à devenir des adultes prêts à trouver leur propre place dans le monde, à s’adapter aux changements encore inconnus, imprévisibles et pourtant assurés.
Comment ?
Sûrement pas en se référant à une idéologie. Mais plutôt avec bon sens, en ayant confiance dans le temps comme un allié et non comme un ennemi. En soutenant les apprentissages progressifs et raisonnés des limites, des refus, des efforts à fournir pour développer un sentiment de réussite indispensable à la confiance en soi.
Être et devenir parent, ça peut être difficile, frustrant, épuisant, inquiétant et en même temps une expérience incroyable, jubilatoire, tendre, géniale, à chaque fois inédite. et qui demande parfois de s’arrêter et d’être écouté pour y voir plus clair.
C’est dans ce sens que j’ai élaboré le coaching parental créatif. C’est un outil, et non une idéologie, qui permet de ré-équilibrer son propre curseur entre comparaison et compassion. Car la comparaison reste un mécanisme psychologique fondamental qui rend possible l’appréciation des similitudes et des différences. Au sein d’une communauté authentique. Pour faire le point, traverser les tempêtes et décider du cap à tenir.